Cours petite fille !
Éditions des femmes
janvier 2019
300 pages
ISBN : 978-2721006967
Cours petite fille !
#metoo #timesup #noshamefist
Collectif
sous la direction de Samuel Lequette et Delphine Le Vergos
Écriture de « ISMES NO GOOD : Devenir féministes à la place des féministes »
« Comparable aux luttes pour l’avortement des années 70 et pour la parité, dans les années 90, le mouvement de protestation féminine récent déclenché par l’« affaire Weinstein » – véritable métaphore des agressions sexuelles et des liens entre jouissance et pouvoir – fait partie des moments d’Histoire, où se condensent les colères, où naissent les révoltes. C’est un acte collectif d’émancipation !
Au-delà de l’anecdote ou du fait divers, cet événement est pluriel, historique et politique : parce qu’il fait basculer l’un des hommes les plus puissants du monde (à la fois « chef » et « prédateur » ) ; parce qu’il a encouragé plusieurs milliers de femmes à demander justice et à remettre en cause un rapport de force ; enfin parce qu’il concerne aussi les hommes, leur masculinité et leur ressenti de la domination masculine.
À l’inverse des prises de position rétrogrades et culpabilisantes qui visent à inhiber ou à opposer, ce livre réunit les « prises de parole » et les « prises d’écriture » d’autrices et d’auteurs – militantes et militants, chercheuses et chercheurs, créatrices et créateurs, victimes ou non… -, qui, sans nier leurs divergences, s’accordent pour dénoncer les injustices et les violences réelles (professionnelles, économiques, sexuelles…) subies par les femmes aujourd’hui et réaffirment la nécessité de les penser et de les combattre.
Partant de la révélation de « l’affaire Weinstein » et des effets mondiaux de sa dissémination (#MeToo, #BalanceTonPorc, etc.), cet ouvrage pluridisciplinaire précise les enjeux des débats et des mobilisations, et les met en perspective au regard des réflexions récentes sur les violences de genre, le consentement, l’émancipation des femmes, et l’égalité des sexes. » S.L.
Avec les contributions de Asia Argento, Alliance des femmes pour la démocratie, Fatima Benomar , Natacha Chetcuti-Osorovitz, Wendy Delorme, Catherine Deschamps, Alicia Dujovne Ortiz, Camille Froidevaux-Metterie, Valérie Gérard, Mona Gerardin-Laverge, Charlotte Gonzalez, Mélanie Gourarier, He Yuhong, Eva Illouz, Kubra Khademi, Catharine MacKinnon, Michela Marzano, Maïa Mazaurette, Jacqueline Merville , Janine Mossuz-Lavau, Émilie Notéris, Patricia Paperman, Marie-Anne Paveau, Michelle Perrot, Élodie Petit, Deborah de Robertis , Sandrine Rousseau (Association Parler), Inna Shevchenko (FEMEN), Frank Smith, Isabelle Steyer, Élise Thiébaut, Alain Viala.
Extrait de « ISMES NO GOOD : Devenir féministes à la place des féministes » :
Elle est belle, froide, implacable et sagace, elle se glisse dans le monde des affaires comme elle enfile son tailleur. Elle est blanche et éduquée, américaine. Si elle a réussi à s’élever en hauts talons semelles rouges jusqu’aux plus hautes sphères bureaucratiques sans jamais souffrir d’une main aux fesses ni de commentaires déplacés – ou qu’elle a su s’en défendre toute seule comme une grande – nous sommes ravi·e·s pour elle. Miss Sloane, film de John Madden de 2016 avec Jessica Chastain dans le rôle-titre, dépeint les aventures médiatiques et politiques d’une lobbyiste, Elizabeth Sloane, autour de la question du contrôle des armes aux États-Unis. Elle dit n’être pas intéressée par les questions de genre, mais va utiliser l’électorat féminin et féministe pour gagner l’opinion en faveur du vote de la loi sur la limitation des armes à feu en s’opposant directement aux lobbyistes des armes à feu. Défendre une grande cause en s’en réappropriant une autre pour remporter la victoire. Au début du film, le passage cité ci-dessus en exergue évoque la notion de consentement de manière retorse et c’est par la complexité de cette séquence que je souhaitais ouvrir ce texte. Les réappropriations stratégiques des discours et actions féministes à des fins réactionnaires ou néolibérales ne sont pas si simples à identifier, leurs porte-paroles, quel que soit leur genre, s’ingénient à semer le trouble dans nos esprits.