No Woman’s land
texte pour l’exposition W de Clotilde Viannay au Palais de Tokyo du 6 au 30 octobre 2011 (Modules – Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent)
traduction en anglais par Philippe Aronson
Clotilde Viannay a conçu son projet en deux volets : un fac-similé fictif du New York Times (imprimé à 1 500 ex.) et une exposition. Le journal porte la date du 12 octobre 1985, celle du début du récit d’une célèbre bande dessinée américaine d’Alan Moore intitulée Watchmen.
Constitués en confrérie, ces « gardiens » exercent le rôle de justiciers dans les années soixante. Ils se voient progressivement coupés de la société et de leurs appuis politiques. Après avoir gagné la guerre du Vietnam, évité le scandale du Watergate et bénéficié de la réélection de Nixon, le gouvernement américain, à l’aube des années quatre-vingt, abandonne le « gardien » qui lui est le plus dévoué, Jon Osterman. Devenu Dr Manhattan après un accident nucléaire, ce dernier est voué aux pires gémonies.
Pour réaliser ce New York Times fictif, Clotilde Viannay a commandé des articles uchroniques. Autant de textes qui révisent l’histoire sur le mode « et si » et qui, par la fiction, reviennent sur le contexte réel d’invention de ces super-héros. Parallèlement, l’exposition quasi ethnologique tente de faire exister les différents personnages pour analyser en profondeur leur personnalité.
avec notamment :
Jacques Barbéri, Philippe Vasset, Caroline Soyez-Petithomme, Julien Fronsacq, Ariel Kyrou, Philippe Aronson, Nicolas Richard, Florence Ostende, Yves Ramonet, Gaëlle Boucand, Jagna Ciuchta…
extraits VO/VF :
Yesterday, the death of former whiz kid Orson Welles was splashed across the front pages of the world press. His radio adaptation of H.G. Wells’ War of the Worlds, broadcast on October 30, 1938, which simulated live coverage of a landing of hostile aliens, seems more relevant than ever. Welles’ hoax created chaos in New York, or in his own words, an “extraordinary act of collective schizophrenia.” This episode seems prophetic nowadays, in view of the rise of Dr. Manhattan, who has extended his influence to the sphere of international politics. Welles’s little green men have now been replaced by a solitary blue man. Comparable appeals to flee the Apocalypse have been heard in recent weeks, but these are neither a hoax nor a daring radio play with ghostly voices. The public’s initial admiration for Dr. Manhattan has given way to an outburst of hatred and suspicion. He has been held responsible for what some journalists have called “the ten plagues of America,” leading inevitably to a Third World War. For many, the only solution is an exodus!
(lire ici en anglais : en-watchmen)
Hier, la mort du wonder boy Orson Welles s’imprimait en lettres capitales, corps gras à la une de la presse mondiale. Nous repensons plus que jamais à son adaptation radiodiffusée de la Guerre des Mondes d’H. G. Wells du 30 octobre 1938 annonçant en direct le débarquement inamical d’extraterrestres. La supercherie de Welles avait engendré un véritable chaos dans New York, un « extraordinaire phénomène de schizophrénie collective » selon ses propres mots. Cet épisode prophétique semblait annoncer la présence aujourd’hui normalisée de Dr Manhattan étendant son rayon d’influence au niveau politique international. Les petits hommes verts ont été remplacés au pied levé par l’homme bleu. D’analogues appels à fuir l’apocalypse retentissent depuis quelques semaines mais il ne s’agit plus ici de canular, ni même d’un montage radiophonique audacieux de voix fantomatiques. L’engouement premier pour les exploits nucléaires de Dr Manhattan a cédé place à un déchainement de haine et de suspicion. Il est tenu pour responsable de ce que certains journalistes ont appelé « les dix plaies de l’Amérique », menant inéluctablement à une troisième Guerre Mondiale. Pour beaucoup la solution est dans l’Exode !
(lire ici en français : nowoman_sland)
Images réalisées en 2012 en hommage aux Guerilla Girls, non publiées