Hélène Cixous
Intervention textuelle pour Modzik 13, Même pas peur ! (janvier/février 2010)
Littérature et sorcellerie : Dangereuse alliance, dossier coordonné par Mathilde Janin
Hélène Cixous comme figure de proue. Cixous avant tout pour l’agencement d’ordre narratif, l’engagement théorique et l’acuité citationnelle. Parce que lorsqu’elle parle d’intime c’est sans l’effet « Colette » & nos amis les bêtes (même si bon ok, Cixous a dit qu’elle n’avait vu inscrire de la féminité dans la littérature française que par Colette, Duras et Jean Genet). Cixous, une écriture intime (oui) mais (attention) pas intimiste, pas sous forme d’évitement, « l’automordillement de l’esprit dans son intimité ». Cixous encore pour ses fulgurances en guise de griffures neuronales : « Un livre est à peu près rond. Mais comme il doit s’ajuster, pour paraître, à un parallélépipède rectangle à un certain moment on tranche la sphère, on l’aplatit, on la carre. On donne à la planète une forme de tombe. Le livre n’a plus qu’à attendre la résurrection » (L’Amour du loup). Cixous pour les connexions derridiennes et l’euphonie grammaticale. Pour entendre résonner Le rire de la méduse : « Il suffit qu’on regarde la méduse en face pour la voir : et elle n’est pas mortelle. Elle est belle et elle rit. ». La méduse comme femme-sorcière qui trouve sa voix, qui la fait entendre. Encore récemment (septembre 2009) elle disait quelque chose de très juste —que je ne peux que partager— dans un entretien pour l’Humanité : « Il n’y a pas d’écriture qui ne soit pas un travail […] Alors même que la soi-disant littérature qu’on diffuse aujourd’hui partout, c’est de la littérature qui ne travaille pas, qui ne se souvient pas, qui n’a pas lu ». Tout est dit, je lui laisse le dernier mot et « Ici je coupe le fil. ».
E.N.